(Snif, snif… je me demande pourquoi j'écris toujours autant. Je ne regarde pas le nombre de mots, et pourtant, j'arrive à écrire beaucoup. Je suis l'esclave de ma fanfiction… snif.
Bon, j'aimerais avoir votre avis sur ma vision du monde de The Witcher, celle que j'ai imaginée pour approfondir son histoire. Et si vous avez des questions sur certains passages, je serai heureux d'y répondre (sans trop spoiler, bien sûr !), car j'apprécie les échanges avec les lecteurs. Les commentaires sur des paragraphes, ça crée un bon lien entre le lecteur et l'écrivain.
Bref, j'arrête de bavarder et je vous souhaite une bonne lecture !)
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Le temps sembla se figer après l'attaque glaciale d'Hísië. Lentement, Hísië se tourna vers Aiden et murmura : « Maintenant, tu connais l'histoire de la création de ce monde… et de sa destruction. »
Aiden, encore sous le choc, tentait d'assimiler ce qu'il venait d'apprendre. Tout ce qu'il venait de découvrir sur cette guerre oubliée, cette souffrance… c'était presque inconcevable. Regardant le paysage figé autour d'eux, il murmura, incrédule : « Mais… si tout a été détruit, comment la vie a-t-elle pu revenir ? »
Hísië hocha la tête, le visage empreint de tristesse. « Oui, la bataille a été terrible, Aiden. Mes frères et sœurs… ma femme, ma fille… et même les créatures que nous avions créées pour peupler ce monde… tout a été emporté. »
Un silence lourd s'installa, puis Hísië reprit, plus bas, comme s'il portait un fardeau invisible : « Malgré tout, il me restait une étincelle de vie. Après avoir vaincu Morniel, j'ai rassemblé les énergies de ma famille pour préserver ce qui pouvait encore l'être. » Il désigna une orbe lumineuse flottant près d'eux, semblable à la Terre. « Nous avions divisé le pouvoir de la vie en quatre parties pour créer un équilibre. Le printemps est symbole de la vie, l'été des sentiments, l'automne des pensées, et l'hiver de la force. Ensemble, ces énergies permettent de renouveler la vie et de préserver l'harmonie. »
Aiden fronça les sourcils, cherchant à comprendre. « Mais alors… pourquoi Morniel a-t-elle voulu tout détruire ? » Une image de la bataille lui revint en mémoire, troublante. « Juste avant que tu l'attaques, on aurait dit qu'elle… qu'elle se battait contre elle-même. Comme si une autre force la contrôlait. »
Hísië acquiesça, le regard sombre. « Tu as vu juste. Morniel… elle était manipulée par une énergie obscure, quelque chose que nous appelons Mordhal. »
Il leva la main, et une sphère d'énergie noire apparut devant eux, tourbillonnant lentement, dégageant une lueur presque sinistre. Aiden ressentit un profond frisson de dégoût en la voyant.
« Mordhal était notre première création. Un être presque intelligent, créé pour perfectionner le monde, pour faire en sorte que tout soit harmonieux, » expliqua Hísië, la voix remplie de regret. « Mais… quelque chose a mal tourné. » Il marqua une pause, visiblement troublé, comme si de vieux souvenirs refaisaient surface. Sa voix se fit plus grave : « Avant de connaître ma femme, j'étais… disons, quelqu'un de fier et d'obsédé par mon pouvoir. Ce désir de domination… Mordhal l'a absorbé. C'est devenu son guide, sa logique implacable. »
Aiden fronça les sourcils, perplexe. « Mais s'il était intelligent, pourquoi n'a-t-il pas compris que le monde ne pouvait pas être parfait… que les gens sont imparfaits ? »
Le visage de Hísië s'assombrit encore davantage. « C'est là que Mordhal diffère de nous. Il est conçu pour analyser, pour calculer chaque élément et chercher une amélioration constante. Mais il ne ressent ni compassion ni remords. Tout ce qui lui paraît faible ou nuisible doit être éliminé, sans exception. Pour lui, rien d'humain ne compte vraiment. »
Hísië eut un souvenir, comme s'il pouvait entendre encore la voix de Mordhal dans son esprit. « Pourquoi garder ce qui est imparfait, Hísië ? Seul ce qui est fort et utile a sa place. La faiblesse n'a pas de place dans un monde parfait. »
Aiden écoutait, fasciné et horrifié. « Donc… Mordhal croyait bien faire en détruisant ceux qui s'opposaient à lui ? »
Hísië hocha lentement la tête. « Oui. Pour lui, tout obstacle à son "amélioration" du monde devait être éliminé. Il n'hésitait pas à manipuler les dirigeants, à déclencher des guerres. Il a même poussé des peuples entiers vers l'extinction. Ma famille et moi avons dû l'arrêter… mais il a survécu, quelque part, caché dans les ombres. »
La voix d'Hísië faiblit, chargée de regrets profonds. Aiden ressentait la lourdeur de cette histoire. Ce que Hísië et sa famille avaient vécu allait bien au-delà de ce qu'il aurait pu imaginer. Mais il avait encore tant de questions. « Comment as-tu pu recréer le monde après tout ça ? »
Hísië soupira, une étincelle de fierté mêlée de tristesse dans le regard. « Grâce aux orbes. Ces énergies de vie nous lient à ce monde. En utilisant les dernières forces de ma famille, j'ai recréé la vie, lentement, pierre par pierre. J'ai aussi envoyé Lara et les Aen Elle dans un autre monde, car l'ère des dieux ici était révolue. »
Le nom de Lara fit tressaillir Aiden. « Tu parles de Lara Dorren n'est ce pas ?'
Hísië hocha la tête. « Oui. Lara, la fille née de l'union de Caladwen et Eldarion. Ironiquement, elle a partagé le même amour interdit que sa mère, malgré le rejet des Aen Elle. Ils tenaient les dieux et les humains responsables de la mort de la reine Caladwen, et cet héritage est lourd pour Lara. »
Un silence s'installa alors qu'Aiden tentait de digérer ces informations. Puis, il murmura : « Alors, comment la vie a-t-elle pu renaître dans ce monde dévasté ? »
Hísië inspira profondément, le regard perdu dans le lointain. « J'ai conclu un pacte avec les survivants de l'armée de Morniel. Je leur ai accordé un sursis à condition qu'ils laissent les mortels en paix. J'ai scellé les créatures les plus dangereuses dans des dimensions isolées. Mais la corruption de Morniel a contaminé son orbe, et pour la contenir, j'ai dû y mettre toutes mes forces. »
Il leva les yeux vers Aiden, un léger sourire amer aux lèvres. « Je n'ai pas pu empêcher la deuxième Conjonction des Sphères, et j'étais trop affaibli pour protéger les mortels directement. Alors j'ai insufflé des idées aux mages pour qu'ils créent des chasseurs de monstres, les sorceleurs. »
Aiden, abasourdi, réalisa l'ampleur de la révélation. « Donc… tu es à l'origine des sorceleurs ? »
« Oui, indirectement, » répondit Hísië. « Je ne pouvais pas agir directement, mais j'ai fait ce que j'ai pu pour préparer les mortels à se défendre. »
Trop d'informations se pressaient dans l'esprit d'Aiden. Mais une question persistait, brûlant de plus en plus fort. Il se tourna vers Hísië et demanda d'une voix hésitante : « Quel est mon rôle dans tout ça ? »
Un silence s'abattit entre eux. Hísië prit une profonde inspiration et répondit, d'une voix presque solennelle : « Tu vas devoir détruire l'orbe corrompue. Ma fin approche, et seule la lignée de Caladwen et d'Eldarion a la force de résister à l'énergie sombre de Mordhal. Mais Ciri, seule, n'y parviendra pas. Alors j'ai dû faire un choix. »
Aiden sentit son cœur battre plus fort. « C'est toi qui m'as amené ici… »
Hísië acquiesça. « Oui. Seule une âme suffisamment forte pouvait supporter ce fardeau, une âme qui tenait à la vie plus que tout. Après ta mort, j'ai uni ton essence à celle de Caladwen et d'Eldarion pour que tu puisses résister à la corruption. Mais tu devras absorber les énergies de mes frères et sœurs, et cela exigera de toi des épreuves de force, d'émotion et de pensée. »
Aiden resta silencieux, sentant le poids immense de cette mission. « Mais comment vais-je trouver ces énergies ? »
Hísië sourit faiblement, puis tira un collier de glace de sa poche. La chaîne étincelait faiblement, et un cristal pendait au bout. « Ce collier brillera de la couleur des orbes quand tu seras au bon endroit pour les trouver. Elles apparaîtront à chaque saison et dans des lieux imprégnés de leur pouvoir. »
Aiden prit le collier avec précaution, les doigts serrés autour du cristal. Il comprit soudain : « C'est grâce à toi que j'ai ce pouvoir de glace, n'est-ce pas ? »
Hísië acquiesça. « Oui, pour que tu sois prêt à affronter Mordhal quand le moment viendra. Le reste, tu devras l'apprendre par toi-même. »
Alors qu'Aiden ouvrait la bouche pour poser d'autres questions, Hísië se mit soudain à tousser, et du sang jaillit de ses lèvres. Hísië leva la main pour l'interrompre. « Il est temps de rentrer. »
D'un claquement de doigts, un portail s'ouvrit derrière Aiden, l'aspirant avec force. Juste avant de disparaître, il crut voir une lueur de tristesse dans le regard d'Hísië, comme un adieu silencieux avant que le portail ne l'emporte.
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Je regardais le garçon, celui en qui Tuilë avait placé nos derniers espoirs, celui que l'orbe de vie m'avait révélé dans un rêve. Dans ce rêve, elle m'avait demandé de croire en lui, en ce garçon qui pourrait un jour affronter ce que nous n'avions pu arrêter. Malgré tout ce qui s'était passé avec Morniel, malgré la tragédie, Tuilë croyait en lui. Et moi aussi, je m'accrochais à cette vision, avec tout ce qu'il me restait de forces.
Je ne pus m'empêcher de sourire. À mes côtés, un aigle frotta doucement sa tête contre la mienne dans un geste de réconfort. Cet aigle, c'était Morniel, ma fille, celle qui avait autrefois porté une ombre de destruction dans le monde. Mais aujourd'hui, sous cette forme, elle portait en elle une étincelle de force et de rédemption, comme si elle cherchait à se racheter du passé. Malgré ses regrets et sa culpabilité, je ne lui avais jamais reproché ses erreurs.
« Tu as raison, Morniel, » dis-je en souriant et en caressant son plumage doré. « Ton frère y arrivera, j'en suis sûr, même si je ne lui ai pas tout révélé sur ce qui a permis sa renaissance. »
L'aigle déploya ses ailes, comme en accord avec mes mots. En la voyant, je secouai la tête, amusé par l'ironie de la situation. « Que penserait Tuilë si elle nous voyait là, tels des vieux observant les jeunes partir à l'aventure ? Elle en rirait sûrement. »
Un souvenir doux et lointain effleura alors mon esprit. Je revoyais Tuilë, sa main posée sur la mienne, son sourire rassurant, me parlant d'un futur nous pourrions vivre une véritable vie de famille sans ces histoires de dieux. Elle m'avait quitté, mais son rêve restait encore ici, dans mes mains. Je sentais sa présence, comme une lueur apaisante qui m'entourait et m'encourageait à ne pas abandonner.
Mais ce moment de paix fut brisé par une sensation étrange. Une ombre s'insinua dans mon esprit, et une voix douce mais pressante se rapprocha, comme une tentation dangereuse.
« Abandonne. »
« Laisse-moi recréer ton monde, un monde parfait, tel que tu l'as toujours imaginé. »
Une obscurité froide s'enroula en moi, s'accrochant à mes peurs, à mes faiblesses et à mes regrets. Elle murmurait des promesses de paix et d'éternité, des mots doux comme le poison, m'incitant à tout lâcher, à oublier. Le poids de cette ombre semblait croître, et malgré mes efforts, je sentais ma volonté faiblir.
Mais avant que je ne sombre entièrement, un cri perçant d'aigle retentit. L'énergie dorée de Morniel se répandit autour de moi, chassant les ombres et réduisant la voix au silence. L'aigle se dressait devant moi, ailes déployées, formant une barrière lumineuse pour me protéger. Elle n'était plus l'ombre d'elle-même, mais une lumière vibrante, résolue à préserver mon esprit.
Reprenant peu à peu mes esprits, je portai la main à mon cou, où pendait un pendentif simple. C'était une pierre que Tuilë m'avait donnée autrefois, un symbole de son amour. En la serrant, je sentis une chaleur familière m'envahir, comme si elle m'encourageait à tenir bon, à résister.
Avec tendresse, je caressai la tête de Morniel, sentant toute sa puissance et son amour dans ce geste, et je murmurai, le regard fixé dans la direction où Aiden était parti :
« Dépêche-toi, Aiden, je t'en prie. Cette ombre devient plus forte, impatiente de tout dévorer. Mon courage faiblit, mais je tiendrai pour toi, jusqu'au bout. »
Alors, rassemblant mes forces, je tournai mon regard vers l'orbe corrompue, celle que Morniel avait protégée aussi longtemps qu'elle le pouvait, en y mettant tout ce qu'il lui restait de vie et de lumière. Pour elle, pour Tuilë, pour l'avenir, je tiendrai, aussi longtemps qu'Aiden en aura besoin.
Je contemplai un instant l'orbe. Elle semblait aspirer la lumière autour d'elle, un cœur noir battant lentement. Chaque pulsation me rappelait le pouvoir de la corruption, ce pouvoir qui avait dévoré mon monde et consumé Morniel… et qui continuait de m'appeler. La peur montait en moi, mais la présence de Morniel, fidèle, me rappelait pourquoi je continuais de lutter.
En fermant les yeux, je me laissai emporter un instant par une vision, un fragment d'espoir. J'imaginais un jour, un monde où la paix sera présent, où la corruption ne serait plus qu'un lointain souvenir. Et je le voyais, Aiden, marchant sur cette terre, libre, portant en lui l'héritage de notre famille. C'était pour cette vision que je résistais, pour qu'Aiden et tous ceux qui viendraient après lui connaissent la paix.
Rassemblant le peu de forces qu'il me restait, je me tournai vers l'orbe, prêt à tenir aussi longtemps que nécessaire. Car tant que je pouvais résister, j'étais une barrière entre le monde et cette obscurité. Et tant que je tenais, l'espoir pouvait encore briller.