Cela faisait quelques mois qu'Esme était enfermée à Stregon. Rivia venait chaque jour lui apporter de la nourriture, et aujourd'hui ne faisait pas exception.
Mais au moment où elle allait repartir, Esme l'interpella.
— Rivia, pourquoi ? Tout ceci… c'était un mensonge ? Notre amitié n'était qu'un stratagème ?
— Non ! répondit vivement Rivia. Mais je n'avais pas le choix.
— Pas le choix ?! s'indigna Esme. Ton père veut massacrer des innocents pour satisfaire son orgueil !
Rivia releva brusquement la tête, les yeux brillants de colère.
— CE N'EST PAS DE L'ORGUEIL !
Elle se calma aussitôt et reprit, d'une voix amère :
— Si seulement tu savais combien il souffre… Tu ne parlerais pas ainsi. Mon père n'est pas un monstre. C'est un homme déchiré…
— Déchiré ? Pourquoi ?
Rivia détourna le regard.
— C'est à cause du roi Edgard. Il a fait enlever mon frère aîné.
Esme écarquilla les yeux.
— Ton frère ?
— Oui… Il a été capturé par les soldats du roi Edgard et a disparu lors de pendant la fuite. Nos troupes n'ont retrouvé que son sang… pas son corps.
Esme sentit son cœur se serrer.
— Je suis désolée, murmura-t-elle.
— Notre famille a été détruite par cette perte, continua Rivia. Ma mère, la reine Rivièra, a failli perdre la raison. Mon père… il ne s'en est jamais remis.
Esme inspira profondément.
— Je comprends ta douleur, Rivia, mais ton père ne peut pas faire payer les autres pour ce qu'Edgard a fait. Ce n'est pas juste. Est-ce ce que ton frère aurait voulu ?
Rivia détourna les yeux.
— De toute façon, il est mort… Et il est trop tard.
En se retournant, Esme aperçut une marque en forme de dragon sur son dos.
Elle se leva pour partir.
— Rivia, attends… cette marque…
— C'est une marque de naissance que seuls les membres de la famille royale portent, répondit Rivia distraitement avant de quitter la pièce.
Mais Esme resta figée. Elle avait déjà vu cette marque… sur quelqu'un d'autre.
Pendant ce temps, Ander, Emmett et les autres princes rassemblaient leurs troupes.
— Nous partons en guerre, annonça Ander.