Après cela, chacun retourna à ses occupations. Cependant, dès qu'Ander eut terminé ses tâches, il retourna voir Esme. Il la trouva dans sa chambre, debout près de la fenêtre, observant le monde extérieur d'un regard perdu. Lorsque la porte s'ouvrit et qu'elle aperçut Ander entrer, elle se retourna lentement vers lui, son expression toujours aussi insondable.
Ander s'approcha sans détour et s'arrêta à quelques pas d'elle.
— Esme, y a-t-il un problème ? demanda-t-il d'une voix calme.
Elle secoua légèrement la tête.
— Non.
Ander plissa légèrement les yeux, pas convaincu par sa réponse.
— Vraiment ? Alors pourquoi refuses-tu de parler ? Aux autres, je peux comprendre… mais même à moi ?
Un silence s'installa. Esme détourna le regard vers la fenêtre, comme si elle cherchait ses mots dans l'horizon. Puis, après un long soupir, elle finit par murmurer :
— Ce n'est pas que je ne veux pas… C'est juste… difficile.
Ander haussa un sourcil.
— Qu'est-ce qui est difficile ?
Esme hésita un instant, son regard se perdant sur le sol. Puis, dans un souffle presque inaudible, elle lâcha :
— Et si je te disais que… le père de mon enfant ne m'aime pas… et qu'il en aime une autre ?
Ander ne la quitta pas des yeux.
— Tu en es sûre ?
Esme ne répondit pas. Elle se contenta de détourner la tête, évitant son regard.
Ander soupira légèrement avant de déclarer d'un ton plus ferme :
— Peu importe. Il a le droit de savoir, et tu le sais.
Esme tressaillit légèrement mais ne répondit rien.
— Très bien, ajouta finalement Ander après un moment de silence. Comme tu voudras. Je ne vais pas te forcer à parler. Mais sache que… quand tu seras prête, je serai là.
Il lui lança un dernier regard avant de se détourner et de se diriger vers la sortie. Mais au moment où il posait la main sur la poignée, la voix d'Esme retentit derrière lui.
— Ander…
Il se retourna immédiatement.
— Merci…
Son regard était empreint de gratitude, même si ses traits restaient empreints d'une certaine mélancolie.
Ander esquissa un léger sourire.
— De rien.
Puis il quitta la pièce, laissant Esme seule avec ses pensées.
Pendant ce temps, dans le royaume de Dentrita, Emmett venait de recevoir la visite de Nya. Il l'accueillait chaleureusement et s'apprêtait à lui souhaiter la bienvenue lorsqu'un émissaire entra précipitamment dans la salle du trône.
— Mon seigneur, une lettre urgente en provenance du royaume d'Ambar, annonça l'homme en s'agenouillant avant de lui tendre le parchemin cacheté.
Emmett fronça légèrement les sourcils et saisit la missive. Il brisa le sceau et parcourut rapidement son contenu.
La lettre était d'Aria.
Elle lui annonçait qu'Esme était enceinte… mais refusait obstinément de révéler l'identité du père. Pire encore, la lettre mentionnait plusieurs accidents inquiétants dont elle avait été victime récemment.
Emmett referma la lettre en soufflant, frustré et inquiet. Trop de choses s'étaient produites en son absence. Il posa une main sur son front, réfléchissant à la meilleure façon d'agir.
À ses côtés, Nya qui avait lu par-dessus son épaule, changea brusquement d'expression. Son visage se ferma, ses traits se durcirent légèrement, et ses mains se crispèrent sur sa robe.
Emmett, trop absorbé par ses pensées, ne remarqua pas immédiatement son trouble.
— Tu dois y aller, murmura-t-elle finalement d'une voix plus tendue qu'à l'instant précédent.
Emmett releva les yeux vers elle, surpris.
— Rien ne presse, répondit-il après un instant de silence. De plus, je ne peux pas partir comme ça… Tu viens à peine d'arriver.
Nya baissa la tête et serra les poings, comme si elle luttait contre ses propres émotions.
— En réalité… je ne suis pas venue pour une simple visite.
Emmett sentit son estomac se nouer face à son ton grave.
— Alors pourquoi ? demanda-t-il lentement.
Nya prit une inspiration tremblante avant de relever enfin les yeux vers lui.
— Je suis venue… pour te dire que c'est fini.
Les mots tombèrent comme un coup de poignard.
Emmett resta figé, incapable de réagir tout de suite.
— Fini ? répéta-t-il, la voix légèrement brisée.
Nya détourna le regard, incapable de soutenir le sien.
— Pourquoi ? demanda-t-il, la gorge serrée. Tu ne m'aimes plus… ?
Elle ferma les yeux et serra les lèvres, hésitante. Puis, dans un souffle presque inaudible :
— Je ne sais plus.
Le cœur d'Emmett se serra douloureusement.
— Nya…
Mais elle recula d'un pas, comme si elle craignait que sa propre résolution ne vacille.
— Je suis désolée… Je dois partir.
Et avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit d'autre, elle tourna les talons et s'éloigna précipitamment, presque en courant.
Emmett resta là, immobile, le regard perdu dans le vide. Son souffle se fit court tandis qu'une larme glissa silencieusement le long de sa joue.
Dans le silence du palais, son monde venait de s'effondrer.